Semaine 1: Un baiser s'il vous plait, la graine et le mulet

Allez j'ai vu pour vous cette semaine:

UN BAISER S'IL VOUS PLAIT d'Emmanuel MOURET (France, 2007, 1h40) avec Emmanuel MOURET, Virginie LEDOYEN, Julie GAYET et Michaël Cohen.

Alors qu'elle est en voyage professionel, Emilie rencontre un jeune homme avec qui le courant passe tout de suite. Ils dînent ensemble et au moment de se quitter, elle se refuse à donner un baiser à cet inconnu qu'elle ne revéra jamais. Elle lui raconte alors l'histoire de deux amis qui à cause d'un baiser, ont vu leurs vies basculées...

Au petit jeu des entre-chats amoureux, Mouret a assurément un style à part dans la comédie romantique française. Un sentiment de détachement survole ces petites histoires qui s'entrecoupent, une légèreté qui assume son côté totalement boboiste, son intellectualisation de la solitude et de l'adultère. Mouret pour son quatrième film s'appuie sur une distribution de choix et n'enferme pas ses complices. Îls acceptent bien au contraire avec une grande déléctation la forme très théâtrale de la mise en scène et des dialogues qui accentuent la cocasserie des situations.
Un brin enfantin, un chouillat candide, Mouret s'amuse à être un grand enfant noyé dans sa solitude et son manque affectif et donne un éclat burlesque à cette comédie intelligente. Une jolie trouvaille.
note: 3/5

LA GRAINE ET LE MULET d'Abdellatif KECHICHE (France, 2007, 2h31) avec Habib BOUFARES, Hafsia HERZI et Farida BENKHETACHE.

Monsieur Beiji, la soixantaine fatiguée, père de famille divorsé d'origine maghrébine, est licencié du chantier naval de Sête. Accablé par ses années de travail et ce licenciement qu'il ne comprend pas, il entreprend à l'aide de sa famille et de sa belle fille de se reconvertir dans la restauration. Un périple administratif s'engage alors pour mettre sur pied cet ambitieux projet, pour prouver à ceux qui n'y croient pas qu'ils en sont capables...

Kechiche avait laissé une bonne impression lors de son dernier film, L'ESQUIVE, à plusieurs reprises récompensé aux Césars, marquant une rupture dans l'appréhention du cinéma dans la banlieue, dans la perception des minorités et dans le travail de mise en image des réalités sociales de notre époque. Je pense qu'il atteint ici un niveau supérieur de perfection dans son travail, proche de celui d'un Lars Von Trier dans la proximité qu'il peut avoir avec ses acteurs et dans l'absence de subterfuges qui biaisent les sentiments et les ressentis. Ainsi on se retrouve plusieurs fois saisi d'une impression d'être vraiment assis à la table parmi les convives de cette fête de famille, dans ce port, dans ces immeubles, dans ces bureaux d'administration.
Kechiche réussit à nous faire vivre de l'intérieur avec une infinie justesse des moments si particuliers et parfois si intimes qu'on en reste bouche bée. Sa caméra est à fleur de peau, saisit des regards improbables, des émotions furtives. Chaque plan a une raison d'être, chaque image est bouleversante de réalité, de sueur, de chaleur, d'amour ou de haine. Tout est essentiel, d'où la longueur du film.
On se laisse porter par l'accent, par ces acteurs inconnus et tellement sincères, par cette jovialité et cette gravité, une gravité qui rend la dernière image du film assez âpre.
note: 4/5