INTO THE WILD de Sean PENN (Etats-Unis, 2008, 2h27) avec Emile HIRSCH, William HURT, Vince VAUGHN et Catherine KEENER.
Alors que de brillantes études s'offrent à lui, Christopher décide sur un coup de tête de refuser le monde qui l'entoure et de couper les liens avec sa famille. Il se lance dans un voyage animé par de riches rencontres qui doit l'emmener là où il pense pouvoir s'accomplir en harmonie avec la nature, l'Alaska.Sean Penn acteur, on aime ou on aime pas. A vrai dire je ne comprend pas bien pourquoi tant pour moi le bonhomme fait sens dans chacun de ses rôles. Habité comme dans
21 grammes de Iñarritu, généreux à l'image du joueur de jazz manouche qu'il interprête dans
Accords et désaccords de Woody Allen, parfois radical et pénétrant comme dans
Mystic River de Clint Eastwood... Bref, autant de bons et même de grands rôles à l'actif d'un acteur énervant et énervé, passionné.
Sean Penn réalisateur, ce n'est pas vraiment différent. Into the wild est habité, généreux, radical et pénétrant. Passionné aussi...
Habité tout d'abord par un Emile Hirsch épatant et par une gallerie de personnages tendres et entiers. Des hippies de Californie aux Danois qui rêvent de Las Vegas en se baignant nus au bord du Colorado en passant par un papi ex militaire ou un agriculteur traficant de décodeurs... Des rencontres émouvantes, des blessures, des états d'âmes (Eric...pardon), de la joie et de l'espérance.
Généreux parce qu'il nous offre un trip qu'on a tous carressé au moins une fois, tout en sachant qu'on aurait jamais le courage d'aller le toucher vraiment. On a tous rêvé de tout lacher, argent, parents, capitalisme, voiture tout. Into the wild c'est notre trip à tous, pas exactement celui quo'n s'est fait, mais en grande partie et c'est en cela qu'il est généreux. Il nous fait partager communément une joie et une espérance, un courage aussi, au départ très personnel.
Radical et pénétrant parce que la mise en scène de Sean Penn est tout ce qu'il y a de plus sobre et de plus vivante. Simple parfois même un peu enfantine comme son générique d'ouverture, grave et spirituelle à l'image de son dénouement, totalement enivrant.
Enfin Passionné parce que Sean Penn est passionné et je prendrais pour seul exemple l'utilisation qu'il fait de la musique. Les morceaux choisis ne sont jamais anodins et crée une véritable ambience souveraine et imposante. Un souffle de liberté, un grand bol d'air anticonformiste, un film anti-bush aussi, mais ça c'est presque anecdotique, tant Into the wild est gorgé d'autres arguments et d'autres fenêtres aux univers et aux critiques bien plus vastes. A dévorer, absolument.
note: 4/5. GONE BABY GONE de Ben AFFLECK (Etats-Unis, 2007, 1h55) avec Casey AFFLECK, Michelle MONAGHAN, Ed HARRIS et Morgan FREEMAN.
Patrick et Angie, un couple de détectives privés spécialisé dans la fraude et les menus délits sont engagés afin d'aider à la recherche d'une petite fille qui a disparu dans la banlieu de Boston. Cette enquête, qu'Angie voulait refuser, va les mener bien plus loin qu'ils ne le pensaient et va mettre à jour un monumental traquenard...Connaissant la brillante carrière de Ben (non je m'abstiendrai de me moquer de sa filmo...
Pearl Harbor ...pardon) on pouvait craindre le pire, et surtout le pire quant à sa première réalisation. Je vous rassure déjà, nous échappons aux nanars dans lesquels il s'est bien souvent illustré. Je dirais même qu'il n'est pas mauvais réalisateur... Il alterne une caméra de proximité, qui filme la banlieue à la manière d'un Gus Van Sant (on sent ici l'influence que ce dernier a pu avoir sur lui lors de
Will Hunting et plus encore sur son frère lors de
Gerry par exemple), autrement dit comme elle est, vivante. Un cinéma de la rue plutot attrayant, un cinéma de la foule plutot aérien et de jolis morceaux de musique parfois. Bref la mise en image est tout à fait correcte, le reste étant d'un classissisme sans prise de risque, parfois statique et parfois brutal. Incertain mais pas moche non plus.
Ce qui pêche c'est certainement ce qui relève du sénario. Ben se révèle être un sénariste brouillon, même épaulé, il s'embourbe dans une intrigue qui surrimpose des situations comme on colle des post it sur le frigo pour ne rien oublier. Du coup l'intrigue est hachée, maladroite et bute sur ses propres talons. Pour ce qui est des dialogues...c'est d'une assez incroyable lourdeur... l'écriture n'est pas limpide, les acteurs manquent de spontanéité, les discours sont maniérés et du coup la reflexion portée sur la justice et sur la vérité passe un peu au mixeur...C'est bien dommage.
Casey Affleck lui est toujours impécable et c'est à vrai dire une des satisfactions du film. Mais fallait il vraiment attendre cet oubliable Gone Baby Gone pour s'en rendre compte? Visionnez plutot
Gerry et
L'assassinat de Jesse James par le lache Robert Ford. Vous aurez alors la mesure du talent du seul Affleck qui en soit réellement pourvu (en tant qu'acteur j'entend)...
note: 2/5.