SWEENEY TODD: LE DIABOLIQUE BARBIER DE FLEET STREET de Tim BURTON (Etats-Unis, 2008, 1h55) avec Johnny DEPP, Helena BONHAM CARTER et Alan RICKMAN.
Benjamin Barker fut jadis un barbier heureux et épanoui dans sa relation conjugale. Hélas, épris de la femme de Benjamin, le juge Turpin l'envoye au bagne à vie sous de fausses accusations. Réchappé on ne sait comment de son cachot, Benjamin Barker rentre à Londres avec la ferme intention d'assouvir sa soif de vengeance et de récuppérer sa fille, aux griffes de l'infame magistrat. Il retourne à Fleen Street où il tenait son commerce, alors devenu une bien morose taverne à tourtières tenue par la déroutante Mme Lovett. Celle ci, secrètement amoureuse de lui, va devenir la complice de Sweeney Todd (alias Benjamin Barker) dans sa sanguinolante quète... Pour ma part l'annonce d'un nouveau Tim Burton c'est toujours quelque chose d'excitant. Dès l'annonce du projet, c'est l'enthousiasme, encore un coup de génie, encore une petite pépite gothique d'un des réalisateurs les plus inspirés de tous les temps, un des plus créatifs, un des plus fous peut être même... Bref un Burton ça se manque pas, c'est impardonnable, c'est inimaginable, ce serait une faute professionnelle, une faute de goût, un péché cinématographique, un blasphème contre sa divinité Tim. Alors quand en plus on peut avoir la chance de le voir en avant première...c'est simplement une jubilation de plus dans tout cet amas de jubilations. Les pieds trépignent devant le vendeur, ils courent dans le couloir, ils frappent le sol avec violence, ils s'impatientent devant l'écran blanc et immaculé (n'allez pas croire que je regarde les films avec mes pieds non plus...).
Sachez par avance que si vous le ratez, vous serez pour cette fois et pour cette fois seulement je l'espère, pardonnés.
Je me demande parfois si je ne fais pas preuve de crédulité ou de naiveté devant le matraquage médiatique... C'est vrai on subit tous les médias qu'on le veuille ou non, on subit aussi nos convictions peut être encore plus que les médias, ce qui parfois fausse notre regard, fausse notre attention, fausse notre jugement ou plutot le guide.
C'est vrai qu'il peut suffir d'un nom pour que notre jugement soit guidé et que la critique soit neutralisée. Dans notre cas, si Tim Burton ne suffit pas il y a l'imparable argument Depp. De là à dire que le film est une "depperie" (bon d'accord, une duperie), il n'y a qu'un pas.
Car malheureusement, étouffé certainement par ses propres convictions, celles du succès, celles qui font qu'on ne change pas une équipe qui a déjà gagné, Burton livre probablement ici son plus mauvais film et je serais même tenté par le "et de loin!".
Succès de
Charlie et la chocolaterie oblige, pourquoi ne pas refaire une comédie musicale? Pourquoi pas me direz-vous, la fantaisie burtonienne avait fait de ce reamake (oh je vous sens un peu déçu... oui c'est un reamake désolé, il n'a pas tout inventé le roi Tim) une jolie comédie cynique et enlevée qui devenait certes insupportable au 3e visionage mais tout à fait sympathique au premier. Encore eut-il fallu trouver quelqu'un de compétent pour écrire des chansons audibles ou du moins pas trop "Joyeux Noel à Disneyland Paris!". C'est vraiment le plus gros déchet du film, alors je l'expulse tout de suite, les chansons sont vraiment laides et avouons le aussi, les performances vocales criardes des acteurs les rendent particulièrement insupportable.
Si bien que le film lui même parrait insupportable. Certaines séquences sont tout bonnement exaspérantes, répétitives, pesantes, d'une maladive surcharge visuelle et parfois symbolique qui les confines si ce n'est pour le mieux dans la normalité, pour le pire dans le ridicule.
Il y a aussi et c'est fort regrétable parce que c'était déjà le cas dans Charlie et la chocolaterie, un terrible manque de rythme. C'est même parfois pire que ça, on est à certain moment dans un total non rythme. Image lente et graphiquement décevante, personnage amorphe, chanson emphatique...
Pour continuer dans la mise en abyme avec
Charlie..., on aurait pu commencer avec le générique en fait, subtile déformation ou mauvais pompage je vous laisse vous faire votre opinion là dessus, c'est presque anecdotique à mon sens tant il est moche ce générique...mais bon.
Ah oui tient aussi, même tandem d'acteurs que dans
Charlie... Franchement ce n'est pas pour déplaire tant Depp est incontestable et Bonham Carter toujours parfaite. Celle-ci d'ailleurs pique presque la vedette à son partenaire. Déjà parce qu'elle chante mieux. Ensuite parce qu'elle donne plus de profondeur psychologique à son personnage. Enfin parce qu'elle a toutes les répliques drôles du film.
Car oui, s'il reste bien quelque chose qu'on peut sauver du nauffrage, c'est ce qui a toujours fait la force du navire Tim. Une grande dose d'humour noir, parfois très noir, méchant pour certain. Un humour qui surnage dans une ambience d'un pécimisme vieux grain, qui tire vers l'hommage au muet sans en avoir la saveur et sans que ses acteurs arrivent à extérioriser leurs émotions. Car oui vouloir faire du muet avec des acteurs parlants qui n'ont jamais fait de muet et dans un film qui parle...ce n'est pas possible...
Voilà, je pense avoir fait le tour de ce qu'était ce
Sweeney Todd, un Burton à oublier, trop creux, trop bredouillant, trop sûr de lui aussi et loin d'être à la hauteur du talent de ses acteurs et de son réalisateur.
note: 1/5. hommage à un cow boy disparu. Vous vous en doutez peut être, cela n'est pas un film. Ou si s'en est un, la fin n'est pas la bonne... vraiment pas là bonne.
Je tenais à rendre hommage à un acteur de notre temps, qui vient hélas de quitter les studios et le monde du cinéma bien trop tot à mon gout.
Heath LEDGER a en effet été retrouvé sans vie dans son appartement New-yorkais ce mercredi matin (mardi soir là bas).
L'acteur australien, né à Perth en 1979 était très certainement un des acteurs montants de ces dernières années et sans contest un des plus talentueux.
Certes, certains de ses films ne resteront pas dans l'histoire du cinéma, je pense à
The Patriot de Roland EMMERICH où il incarne le fils ainé de Mel Gibson en pleine guerre d'indépendance américaine, ou à
Chevalier, comédie médiévale rock'n roll dont il a le rôle titre.
Mais Heath LEDGER composait toujours avec une grande classe et l'assurance des grands. Ces rôles mineurs lui ouvrent de plus grandes portes.
Il travail ainsi avec Terry GILLIAM pour
Les Frères Grimm, ou sous les ordres de Todd HAYNES dans le très récent
I'm Not There, dans lequel il incarne une des six facettes de Bob Dylan.
Mais pour beaucoup d'amateurs de cinéma, il restera l'un des deux cow boys dans le chef d'oeuvre de Ang LEE,
Le Secret de Bokeback Mountain. Bouillonnant, il livre une prestation magistrale de virilité et de retenue, l'émotion à fleur de peau, bouleversant même, qui lui vaudra une nomination aux oscars dans la catégorie meilleur acteur. Le film recevra grâce à sa prestation et à celle de son partenaire et ami Jake Gyllenhaal une pluie de récompense et notamment un lion d'or à Venise.
Adieu donc à ce cow boy qui manquera très certainement au cinéma américain et qu'on aura l'occasion de voir une dernière fois dans le prochain
Batman, The Dark Knight dans lequel il interprète le Jocker, et vu le teaser, cette dernière prestation risque d'être l'une des plus remarquables.
You're a poor lonesome cowboy...